« Appel entrant : code 0964. Kaely. »
Le nez d’Ein se fronça et la ride d’expression qui courait de sa narine à sa joue dans les moments déplaisants réapparut instantanément.
— Je prends..., lâcha-t-elle à la voix qui, ce matin encore, ne l’avait pas réveillée.
« Kaely est en visio-com. Vous vous trouvez actuellement dans un état de nudité très avancée. Dois-je l’activer également ? »
— Je suis sous la douche, Ejoa. À ton avis ? répondit Ein en levant les yeux vers le globe par lequel l’intelligence artificielle, régentant tout ici, faisait entendre sa voix suave.
« Visio-com activé. »
— Quoi ?! s’exclama Ein, couverte en tout et pour tout de quelques perles brillantes.
Le visage géant de Kaely s’afficha sur les murs-miroirs de la salle d’eau.
— Bonjour, agent...
Son supérieur direct perdit l’usage de sa langue quand ses yeux endormis se posèrent sur la plastique de la baigneuse qui défiait l’IA de ses billes grises. Kaely s’éclaircit la voix avant de reprendre le plus posément possible, tout en fixant ostensiblement le visage d’Ein.
— Agent Blusten...
— Patron, salua-t-elle en se redressant.
— Je... je vois que vous êtes occupée. Je vous rappelle dans quelques minutes.
— C’est un peu tard pour ça. Et puis peut-être qu’Ejoa sera hors service tout à l’heure. Un accident est si vite arrivé, lança-t-elle en direction de la sphère.
« Votre débit sanguin accru et la tonalité de votre voix trahissent un sentiment d’agacement. La probabilité qu’une menace à mon encontre ait été proférée est élevée. »
— Bien, je... La S.A.H.A nous a contactés il y a moins d’une heure. Ils ont requis nos services pour une affaire qu’ils ne souhaitent pas voir confiée aux autorités régulières.
— La S.A.H.A... Je n’aime pas travailler pour eux, et vous le savez, répondit Ein.
— Je le sais, Blusten. Mais nos agents les plus qualifiés sont en opération et je ne peux pas me permettre d’envoyer une jeune recrue.
Elle se rinça, la tête en arrière, et passa la main sur ses fessiers pour les débarrasser de l’excès de gel nettoyant dont elle s’était enduite.
— J’espère que rien que pour ça j’aurai une prime, dit-elle en quittant le carré bleu.
— Le budget est très serré en fin d’année. Et vous le savez. Faire votre devoir avec, dans le cœur, la fierté de faire reculer la criminalité devrait suffire à votre bonheur.
— Ces paroles creuses ne sont bonnes que pour Ejoa, pas pour moi, rétorqua Ein.
— Eh bien vous ferez avec, agent Blusten.