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Alyssa Coste

Liberty : au nom de notre survie

 

 Interview

1) Si tu ne devais sauver qu’un seul de tes personnages, lequel serait-ce ?
  Aïe, c’est super dur comme question. Mes personnages sont un peu comme mes enfants, j’ai grandi grâce à eux, je les connais par cœur, c’est comme s’ils étaient devenus mes plus proches amis, même s’ils ne sont pas « réels » (et encore, c’est très subjectif comme concept). Franchement, allez demander à une mère lequel de ses enfants elle sauverait… Mais si je devais me mouiller, ce serait sans doute Adriel. Non sans me sentir déchirée à l’idée de perdre Kayla, Tiago, Lydia, Ethan et tous mes autres bébés !


2) En lisant Liberty, on ne peut passer à côté d’un constat : tu adores tes personnages et tu leur as construit à chacun un background et des relations solides qui nous poussent à nous attacher à chacun d’entre eux. Aurais-tu un conseil à donner à tous les auteurs qui, comme toi, mettent en scène beaucoup de personnages ?
  Alors, je ne sais pas si je suis vraiment en position de donner des conseils ! J’ai encore énormément de choses à apprendre, mais à mon humble avis, pour qu’un personnage paraisse réaliste et attachant auprès du lecteur, il faut qu’il le soit aux yeux de l’auteur. Prenez le temps d’apprendre à connaître vos personnages. Personnellement, j’ai fixé quelques traits de caractère et un passé spécifique que je savais indispensable, puis je me suis lancée dans l’écriture de certaines scènes et, au fil de la plume, d’autres détails sont apparus naturellement, pour finir par former un tout qui me convenait pour chaque personnage. Pour Adriel par exemple, je savais que je voulais en faire une tête à claques, mais sa propension aux surnoms est venue plus tard, sans que je n’y aie vraiment fait attention, pourtant aujourd’hui, c’est une manie que j’adore chez lui ! Alors oui, s’il y a un conseil que je dois donner, c’est celui-ci : ne voyez pas vos personnages comme de simples outils pour raconter votre histoire. Aimez-les aussi fort que s’il s’agissait de vos propres enfants, et vos lecteurs les aimeront aussi.


3) Tu abordes de nombreux sujets sociaux et d’actualité dans ton roman, résume-les-nous et parle-nous de leur importance à tes yeux :
  Liberty aborde principalement la liberté, l’égalité et la tolérance. La liberté de penser, de s’exprimer et de faire ce que l’on veut de son corps. L’égalité entre Fertiles et Infertiles, qui peut être mise en parallèle avec n’importe quelle inégalité que nous croisons dans la société actuelle, et la tolérance, sur l’orientation sexuelle notamment. Ces sujets me tenaient à cœur, car j’ai été élevée parmi ces valeurs : on m’a appris que je devais me battre pour conserver mes libertés, que je devais toujours faire preuve de tolérance, et que l’égalité n’était pas une chance mais une évidence. Alors dans Liberty, Kayla se bat pour conserver son droit de penser, de s’exprimer, et plus encore pour conserver sa liberté de mouvement et ne pas céder son corps quel qu’en soit le prix. L’égalité est l’une des principales causes du combat de la Résistance, car même s’il s’agit ici de l’égalité entre Fertiles et Infertiles, elle est aussi évidente que celle qui devrait se ressentir entre noir et blanc, entre homme et femme, entre homosexuel et hétérosexuel. J’ai toujours été très peu encline à supporter l’injustice, ça se ressent dans ce livre. Je crois que l’être humain est capable de très belles choses, quand il veut.


4) Difficile de ne pas faire le parallèle entre Liberty et ce que nous venons de traverser avec la crise Covid. Tu avais commencé la rédaction de Liberty avant la crise, raconte-nous ce que cela vous a apporté.
  Effectivement, beaucoup sont surpris quand j’avoue avoir écrit Liberty avant la Covid, à cause de ce contexte de pandémie dans lequel débute le livre, et pourtant ! J’ai commencé l’écriture de Liberty à l’âge de quinze ans, alors que nous étions très loin de tout ce bazar que nous a amené la Covid, et je n’aurais jamais imaginé que qui que ce soit puisse un jour s’identifier à cette partie de Liberty ! On n’a de cesse de me demander si je me suis inspirée de la pandémie, mais non. Elle m’a apporté de la crédibilité lors de la réécriture, c’est tout ! J’ai surtout prié pendant toute la durée de la crise, et aujourd’hui encore, que mes écrits ne soient pas prémonitoires, parce que je n’ai pas été très regardante sur le nombre de morts !


5) La réplique parfaite pour illustrer Kayla, l’héroïne principale de Liberty :
  « — Ils ne m’auront pas, papa. Tu peux l’accepter et m’aider à y échapper. Ou tu peux t’y opposer et me regarder partir. Quoi qu’il en soit, ce Test ne sera pas ma seule option. Je refuse de m’y résigner, je choisis la liberté. »


6) Parle-nous plus largement de la naissance de Liberty.
  J’ai un sommeil très agité, je fais beaucoup de cauchemars. Le seul moyen que j’ai trouvé pour parvenir à me rendormir, c’est d’imaginer un contexte, une suite et une fin à chacun de mes mauvais rêves. C’est comme ça qu’est né Liberty : je me suis réveillée d’un cauchemar durant lequel j’étais poursuivie dans une ville en ruine. Pourquoi étais-je poursuivie ? J’étais fertile, dans un monde stérile après qu’un Virus ait tout ravagé, c’est pour ça que la ville était détruite. De fil en aiguille, mes personnages sont nés, l’opposition entre Liberty et la Résistance m’est venue, et mon cauchemar s’est transformé en rêve (si on ne prend pas le point de vue des personnages, bien sûr).


7) Que retiens-tu de ton travail avec Onyx ?
  Je pense que je pourrais donner deux mots : progression et bienveillance. Ça a été une expérience inoubliable, la découverte d’un monde qui jusqu’ici n’était qu’un rêve pour moi. Aline et Anaïs sont à part, elles ont vraiment à cœur de nous laisser maîtres de nos travaux de A à Z et c’est vraiment quelque chose d’appréciable. En plus de ça, j’ai beaucoup appris (on sous-estime le nombre de « mais », « cependant » et « quelques » qui peuvent se glisser dans un récit !) et j’ai évolué. Quand je relis mes écrits d’il y a un an, je me dis que c’est incroyable, le chemin parcouru en une seule année !


8) D’autres projets en perspective ?
  Oh ça oui, toujours ! Mon cerveau est en perpétuelle ébullition, les projets ne manquent jamais. J’ai une bonne quinzaine de documents Word, tous dédiés à une nouvelle idée, qui attendent sagement sur le bureau de mon ordinateur. J’ai beau vérifier régulièrement, ils ne se mettent pas en forme tous seuls ! Mais dès que je prendrai le temps de m’y pencher réellement, je suis persuadée que ça avancera plus vite.
  Il y a aussi une histoire qui implique des elfes et une quête royale qui patiente gentiment au fond de mon disque dur, mais avec tout ce que j’ai pu apprendre avec Onyx, j’ai honte de la laisser telle quelle, et trop peu de courage pour me lancer dans une réécriture tout de suite ! Il faudra encore un peu de patience à cette histoire avant de ressortir de son hibernation…


9) Donne-nous une raison de lire Liberty et une autre de ne surtout pas s’y plonger.
  Si vous aimez vous évader dans des mondes à la fois très proches et très différents du nôtre, que vous appréciez les personnages hauts en couleur et que les sujets mentionnés plus haut vous parlent, foncez !
  En revanche, si vous vous savez sensibles, évitez de lire Liberty, qui présente pas mal de TW, notamment sur des agressions sexuelles, viols et drogues. J’aborde des sujets importants, et pas toujours avec des pincettes…


10) Présente-toi et explique-nous ce qui t’a donné envie d’écrire.
  Quand j’ai appris à lire, ça a été la révélation. À neuf ans, j’ai lu en un été la saga Harry Potter. J’avais déjà des idées bien définies, et j’étais très mécontente d’avoir vu tous mes personnages préférés mourir les uns après les autres. Forte de ma détermination, je me suis donc munie d’un cahier de brouillon, d’un crayon de papier, d’une gomme, et je me suis installée dans la cour de l’école primaire pour écrire le huitième tome de la saga, dans lequel je me servais de la pierre de résurrection pour ramener la totalité des personnages dont je refusais de faire le deuil.
  J’ai fini par laisser à d’autres le soin d’écrire la suite de la saga, mais à partir de cet instant, j’avais découvert l’envers du décor, et j’y avais pris goût. J’ai commencé à écrire d’autres trucs, à plagier quelques livres que je lisais, puis une histoire qui venait vraiment de moi a émergé vers mes dix, onze ans, après quoi, je ne me suis plus arrêtée ! À quinze ans, j’ai écrit Liberty et je l’ai postée sur Wattpad. À seize ans, j’ai participé aux Murmures Littéraires qui m’ont permis d’atterrir sur le bureau d’Onyx. La suite, vous la connaissez, aujourd’hui j’ai dix-neuf ans, et je partage ma vie entre l’édition et les études de prépa, car je passe le concours vétérinaire dans un tout petit mois (souhaitez-moi bonne chance !)


11) Pourquoi un arbre de vie pour illustrer ton roman ?
  Pour moi, l’arbre de vie incarnait physiquement la renaissance et le cycle de la vie. Après avoir perdu leurs feuilles en automne et en hiver, les arbres renaissent au printemps, ils présentent bourgeons, fruits et feuilles. L’arbre est donc naturellement associé aux cycles, aux nouveaux départs et à la résilience face aux épreuves, et l’arbre de vie plus encore. Il me semblait tout indiqué d’illustrer Liberty avec ce symbole, étant donné qu’il s’agit d’une histoire qui parle de renaissance après le Virus, de se reconstruire, de repartir sur de nouvelles bases et de dépasser les épreuves de la vie !


12) Si Kayla, Adriel, Tiago et Lydia étaient un plat, quel ingrédient seraient-ils respectivement ?
 Je n’ai jamais aimé la cuisine, je ne suis jamais derrière les fourneaux, et un « plat » était super dur à trouver pour moi ! Alors, pourquoi ne pas laisser répondre celle qui a conçu cette question, pour une fois ? D’après Aline, ces 4-là seraient une pizza : Tiago serait la pâte, car sans lui rien ne tiendrait ensemble, avec une croûte à la fois croustillante et moelleuse : ferme et réconfortante. Kayla serait la sauce tomate, car même en faisant attention, elle finit toujours par atterrir là où il ne faut pas et elle laisse un souvenir partout où elle va. Adriel serait un chorizo bien fort : le parfum explosif qui vous brûle la gorge et vous fait grimacer, mais qui vous donne quand même envie d’y retourner. Et Lydia serait le chocolat. Oui, ça n’a rien à faire sur une pizza, mais l’amour de Lydia pour le chocolat n’a aucune limite.
  (J’ai envie d’une pizza maintenant…)

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